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Une génération transformée

  • Eytan Alboher
  • il y a 2 jours
  • 3 min de lecture

Lors de mon voyage en Israël l'été dernier, j'ai eu le privilège de nouer des liens d'amitié avec plusieurs jeunes adultes, des gens de mon âge, dont la vie est façonnée par une réalité totalement différente. Ils étaient chaleureux, drôles, curieux et profondément réfléchis, mais derrière leurs conversations décontractées se cachait une gravité qui ne transparaissait que lorsqu'ils parlaient de la guerre. Écouter leurs récits m'a non seulement émue, mais cela a également bouleversé ma conception de la responsabilité, de l'altruisme et de ce que signifie réellement être un héros.


Depuis le 7 octobre, chaque personne vivant en Israël a connu une forme de changement profond. Pour beaucoup, cela a signifié la perte d'un être cher. Pour d'autres, cela a signifié des blessures, des déplacements ou le bouleversement soudain de leur vie quotidienne. Tout le pays, quel que soit l'âge, a traversé le deuil et l'incertitude. Mais pour les jeunes adultes, le fardeau est particulièrement lourd, car Israël a depuis longtemps instauré l'obligation du service militaire.


Un ami l'a exprimé d'une manière qui m'a marqué : « Il n'y a personne en Israël qui ne connaisse quelqu'un qui soit mort. » Ce n'était pas dit de manière dramatique. C'était dit simplement, comme s'il énonçait un fait incontournable. Le deuil n'est pas abstrait, il est personnel, immédiat et partagé par tous. Ce chagrin semble être encore plus fort chez les jeunes adultes qui ont des relations personnelles étroites avec leurs amis qui meurent ou sont blessés à leurs côtés au combat.


Il m'a également confié quelque chose qui révèle à quel point la guerre a profondément remodelé le tissu culturel de la population israélienne. Avant la guerre, expliqua-t-il, de nombreux Israéliens plus âgés considéraient sa génération comme paresseuse et bonne à rien. Comme tous les jeunes, ils étaient parfois perçus comme collés à leurs téléphones, détachés ou égocentriques. Mais la guerre a contraint la jeunesse israélienne à assumer des responsabilités immenses, et leur réaction a changé la perception que la nation avait d'eux. Un autre ami, exempté du service dans l'armée israélienne mais qui a perdu son meilleur ami, a déclaré : « Les récits de nos amis dans l'armée nous ont montré à tous que cette génération compte de véritables héros. ».


Ce changement est visible partout. La vue d'un uniforme de l'armée israélienne est désormais empreinte d'une gravité indéniable et d'un immense respect. Les soldats sont constamment remerciés par des inconnus. Les restaurants leur offrent des repas gratuits sans hésitation. Les gens leur tiennent la porte, insistent pour payer l'addition et les traitent comme s'ils étaient leurs propres enfants. Même un simple « merci » de la part d'un passant a une grande valeur émotionnelle. Le respect ne se limite pas à des mots, il se manifeste par des gestes quotidiens de générosité qui reconnaissent les sacrifices consentis par ces jeunes adultes.


Depuis le début de la guerre, 922 soldats et 70 policiers ont été tués en protégeant leur patrie. Plus de 18 500 soldats ont été blessés physiquement et plus de 10 000 soldats souffrent aujourd'hui de troubles mentaux. Ainsi, même si la guerre semble toucher à sa fin et que tout le monde reprend une vie normale, une profonde colère, un immense chagrin et un sentiment de perte continueront d'affecter les Israéliens pendant de nombreuses années. Que cela nous serve de rappel brutal que le coût de la guerre ne se paie pas en chiffres, mais en vies, et que chaque soldat tombé au combat ou blessé représente un monde entier perdu ou changé à jamais. Ce sont des jeunes gens qui avaient des rêves, des familles et un avenir qui ont été interrompus ou changés à jamais. La sécurité d'Israël repose sur les épaules de sa jeunesse, et nous leur devons non seulement notre gratitude, mais aussi un soutien indéfectible dans la vie, dans la perte et dans le rétablissement.


 
 
 

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