Comment les Juifs ont transformé le cinéma hollywoodien
- Eva Mamane
- 29 juin
- 4 min de lecture
Google. Mike & Ikes. Le stylo à bille. L’irrigation goutte-à-goutte. Les défibrillateurs. Le vaccin contre la polio. Les ours en peluche. Qu’ont tous ces éléments en commun ? Ils ont tous été inventés par des Juifs.Outre les domaines financier, médical et agricole (parmi tant d’autres), j’aimerais me concentrer sur la façon dont les Juifs ont façonné le cinéma hollywoodien, et comment leur exclusion sociale du monde du cinéma a été transformée en moteur de réussite.
L’histoire du cinéma hollywoodien peut être divisée en plusieurs grandes périodes. Au tout début du XXe siècle, lors de la naissance d’Hollywood, des immigrés juifs ont fondé certains des studios les plus emblématiques de l’industrie. On pense à Adolph Zukor, créateur de Paramount Pictures, à William Fox, ou encore aux frères Warner. Étant exclus des industries d’élite, les Juifs ont créé leurs propres productions et ont participé à jeter les bases du système hollywoodien. Ces studios – ainsi que d’autres comme MGM ou Universal, eux aussi fondés par des Juifs – vont continuer à croître et à prospérer pendant l’ère du "Studio System" d’Hollywood.Avec l’essor de l’industrie, les productions juives se multiplient et des acteurs juifs renommés comme Edward G. Robinson (Assurance sur la mort, Le Petit César, Les Dix Commandements) commencent à émerger.
Puis vient l’âge d’or d’Hollywood et l’ère du cinéma classique. Durant cette période, des acteurs et réalisateurs juifs commencent à marquer de leur empreinte l’industrie cinématographique. Des légendes comme Billy Wilder, réalisateur juif de classiques tels que Assurance sur la mort et Boulevard du Crépuscule, ou encore Kirk Douglas (qui parlait même le yiddish), grande vedette du grand écran dans des films comme Spartacus ou Les Sentiers de la gloire, ont façonné l’âge d’or d’Hollywood.De plus, l’acteur juif Paul Muni a remporté l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle de Louis Pasteur dans La Vie de Louis Pasteur pendant cette période – devenant ainsi le premier Juif à remporter un Oscar.
Le Nouvel Hollywood ou cinéma post-classique, qui s’étend du milieu des années 1960 au début des années 1980, marque une redéfinition de l’industrie hollywoodienne. Les réalisateurs s’y permettent davantage d’expérimentations et de créativité, rompant avec les conventions cinématographiques traditionnelles. Plusieurs des réalisateurs les plus marquants de cette période étaient, une fois de plus, juifs : Woody Allen (Annie Hall, Manhattan), Steven Spielberg (Les Dents de la mer), Mel Brooks (Frankenstein Junior, La Dernière Folie de Mel Brooks), parmi d’autres.De nombreux acteurs juifs se font également un nom à cette époque, comme Gene Wilder (Charlie et la Chocolaterie), Barbra Streisand (Nos plus belles années) et Richard Dreyfuss, qui remporte un Oscar pour son rôle dans Adieu, je reste.
Une grande force du peuple juif, y compris dans le monde hollywoodien, est sa capacité à s’adapter et à faire preuve d’une grande polyvalence. Cela se voit à travers la transition réussie de plusieurs stars juives vers l’ère moderne du blockbuster et du cinéma indépendant. Steven Spielberg en est l’exemple par excellence, avec son succès continu dans les franchises Indiana Jones et Jurassic Park. D’autres réalisateurs importants incluent Darren Aronofsky et Ari Aster. Une multitude d’acteurs juifs sont bien connus dans ce paysage cinématographique : Jake Gyllenhaal, Jonah Hill, et Natalie Portman (Oscar de la meilleure actrice pour Black Swan).
Une représentation similaire est visible dans le cinéma contemporain, avec de nouveaux visages comme Timothée Chalamet (Call Me by Your Name) et le réalisateur Sam Levinson (Euphoria).L’influence continue des Juifs à Hollywood témoigne de leur résilience culturelle et de leur fort sentiment d’identité.
Un acteur bien connu, qui a traversé plusieurs époques du cinéma, du Nouvel Hollywood aux films indépendants, est Dustin Hoffman. Il détient deux Oscars (pour ses rôles dans Rain Man et Kramer contre Kramer), en plus de cinq nominations. Hoffman, cependant, représente un cas particulier. Pendant une grande partie de sa vie, il a été en conflit avec son identité juive, voire honteux de celle-ci. Ce n’est que plus récemment qu’il l’a acceptée et pleinement embrassée.Dans une interview où il lit un texte sur les épreuves endurées par l’un de ses ancêtres juifs, les larmes aux yeux, il déclare : « On me demande aujourd’hui ‘Qui es-tu ?’ Je réponds : ‘Je suis juif’... [Ses ancêtres juifs] ont tous survécu pour que je sois là aujourd’hui. »
La place évidente des Juifs à Hollywood trouve son origine dans les discriminations subies par les immigrés juifs. Paradoxalement, c’est cette exclusion des libertés occidentales qui leur a permis de s’approprier la liberté et l’expressivité propres à l’Amérique, et de les exprimer sur grand écran. Les stars juives illustrent un large éventail de talents et une persévérance inébranlable vers la réussite. De plus, leur lien profond avec leurs racines et leur identité juives joue un rôle essentiel – non pas simplement pour devenir une star hollywoodienne à succès, mais pour devenir un Juif hollywoodien accompli.
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